Être parent et éducatrice différemment. Bienveillance, école-maison, éducation alternative au quotidien.

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Vivre les nombres / apprentissages au préscolaire


C’était un jeu sans consignes prévus d’avance qui avait émergé naturellement. La veille, j’avais créer un long parcours moteur au sol. Celui-ci traversait une grande partie du rez-de-chaussée, et était né de mon besoin de leur permettre de dépenser leur énergie de façon plus structurée, moins chaotique.

Juste après le repas donc, elle est d’humeur plus agité. Je l’invite sur mes genoux et lui propose une chanson. Ses yeux s’illuminent encore. Après quelques répétitions, je décide d’ajouter une contrainte. Je lui propose de faire le parcours pour que je chante un autre couplet. Elle s’exécute. Un couplet. Un tour de parcours. Un couplet. Un tour.

Puis elle me regarde et déclare: “Je vais faire deux fois le chemin cette fois-ci pour que tu chante deux fois.” J’approuve. Puis la fois d’après, c’est trois fois.

(….)
Un peu après noël, elle a, sans en avoir conscience, mener un sondage et compiler des résultats. Demandant à chaque personne son dessert de noël préféré parmis ceux que nous avions préparé. Sur une feuille, elle a dessiné les résultats.

(…..)

  • oh, j’en ai 2, il m’en manque… (compte sur ses doigts) comme ça pour en avoir 5. (….)

Comment perdre des objets prépare mes enfants à apprendre à lire

Ce matin, elle a perdu son pain grillé. Oui, perdre une toast 🤔. Chez nous, depuis plusieurs années, nous avons pris l’habitude de créer des avis de recherche lorsque quelque chose reste introuvable. Souvent, un bouchon de crayon, un toutou, un vêtement..

Alors, je pose des questions :
– de quel couleur? quel forme, grandeur? peux-tu me le dessiner?

Je note le tout et l’affiche sur le mur pour informer tous les membres de la famille de ce qui manque, et d’à qui le remettre.

C’est un bon exemple je crois de quelque chose de très simple dans lequel se cache des notions qu’on pourrait attribuer à la pré-lecture.

– Comprendre que les mots ont un objectif. Faire le lien entre l’écrit et l’objet perdu. C’est là une des grandes motivations à apprendre à lire et écrire qu’on alimente.

– Reconnaître les noms des membres de la famille.

– Utiliser des mots pour décrire quelque chose. On accroît notre vocabulaire ainsi, notre champ lexical.

– Les enfants qui en sont rendu là dans leur développement remarque les lettres, font des liens “T comme tomate!” Recopie le mot pour faire leur propre affiche d’objet perdu.

– On développe ainsi leur sentiment d’appartenance parce que ça fait partie de notre culture de famille, on formule des hypothèses sur ce qui est arrivé à l’objet..

Bref, nous avons retrouvé la toast. Dans le frigo. 🤔🤔🤔

Comment j’ai changé ma vision sur les systèmes de récompenses / Réflexions des derniers mois

Dans l’univers des pédagogies alternatives, bienveillantes, etc., un des éléments qu’on entend souvent, c’est qu’il est important que la motivation vienne de l’enfant lui-même. De premier abord donc, les systèmes de récompenses ne sont pas appropriés (certains les qualifient même de violences éducatives ordinaires.) Je ne crois pas qu’il faille tout récompenser, mais mon opinion a évolué suite a une réflexion que j’ai envie de vous partager.

La première chose qui me vient c’est que, croire qu’on ne récompense pas ses enfants, c’est erroné. On le fait presque tout, consciemment ou non. On n’y met pas de mots, ça vient naturellement, mais notre comportement change selon le leur. S’ils sont agréables, il est probable qu’on dise plus souvent oui. Qu’on soit plus amusants nous-mêmes, plus souriants qu’on chante, qu’on danse avec eux…
Oh, et c’est comme ça dans tous les contextes. Certains comportements sociaux favorisent des réponses naturelles des autres. Pour plusieurs enfants, c’est quelque chose qu’ils vont rapidement comprendre. Le verbaliser : « J’ai découvert que comme je faisais moins de crises que mon frère, maman me disait plus souvent oui. » Qu’on en pense du bien et du mal, c’est une conséquence logique inévitable qui va suivre nos enfants toute leur vie. Notre rôle d’adulte, c’est de s’assurer que les contextes restent adaptés à nos enfants. Que ce qui se présente à eux soit proportionnel à leur capacité. Favoriser le succès.

Un problème, c’est que certains enfants ne feront pas le lien. Certains enfants ont besoin de support pour comprendre ce genre de subtilité. C’est exactement la vision que j’ai décidé d’avoir du système de récompense. Une façon d’illustrer ce qui se passe déjà, pour leur donner un pouvoir, un contrôle, sur tout ceci. Je n’invente rien, ne manipule rien. Je ne fais que donner accès à mon enfant, à une version adaptée à son âge, ses capacités, de la façon donc ses actions influence la vie dans notre famille / microsociété.

J’ai choisi d’offrir des récompenses qui suivent la même ligne de pensée : naturellement, quand mes enfants sont dans une « bonne » vibe, je suis une maman plus le fun, qui autorise plus de choses. C’est juste que maintenant, c’est illustré, c’est sur papier, c’est un choix conscient pour eux relié directement à leurs actions. Pour moi, c’est la même logique que d’illustrer n’importe quel aspect du quotidien pour aider la compréhension.

Je tiens à expliquer, préciser, quelque chose de délicat. Pour moi, la ligne du bon comportement est quelque chose auquel il faut faire attention. Il ne faut pas tomber dans la vision noir et blanc : les enfants qui sont « bons » et les « mauvais » J’ai choisi des mots, des choses que j’avais envie de remarquer chez eux. Pis je vais vous dire un secret, ça me pousse à chercher le positif en eux encore davantage que je le faisais déjà. C’est souple, flexible, joyeux.

Oh et je voulais ajouter également: Il est important selon moi que ça se fasse dans un contexte de supplément, pas comme la seule possibilité d’entendre un oui, de développer l’appartenance etc..

J’ai laissé mes enfants choisir les règles

Un des problèmes avec les règles c’est qu’elles ne sont pas toujours significatives pour l’enfant. Elles viennent de l’adulte à l’enfant de façon unidirectionnelle, plutôt que d’être ressentis comme appartenant à tous les membres de la famille.

Depuis plusieurs mois déjà, nous utilisons le concept des conseils de familles. Cette idée vient d’un livre de Jane Nelsen. En lisant ce dernier, j’ai d’ailleurs découvert qu’enfant j’ai été dans une classe testant son approche ;).

Le coeur des conseils de familles c’est que chacun puisse apporter son éclairage sur les situations vécus dans la famille, sans propos de jugements ou d’accusations. L’objectif c’est de nommer les besoins et trouver des solutions pour tous.

C’est avec cette vision en tête que j’ai eu envie d’aborder notre liste de règles. Inspiré par celle de @Teacher Tom (un de mes blogueurs anglais préféré), j’ai décidé d’adapter sa technique à ma famille.

C’est quoi dont une règle au juste?

À la base, c’est un choix commun avec un objectif en tête. On se rends compte que personne n’aime être tapé, on décide d’un commun accord de ne plus se taper les uns les autres. De la même façon que si personne n’aime manger tel plat, on risque de ne plus en faire. On bâtit l’identité de notre famille, une micro-société.

Mon objectif avec cette liste dont, c’est de les placer en position de pouvoir. Elles ont le pouvoir de déterminer ce qu’elles aiment, ce qui est dérangeant ou pas, et de donner leur opinion qui sera écouté.
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Le principe est simple: j’ai placé une feuille sur le tableau magnétique pour y inscrire nos règles. J’ai préparé des papiers permettant aux enfants de proposer des règles (avec aide pour les petits) et on s’est placé en position d’observation.

Quels comportements ne sont pas appréciés? Plutôt que de juste voir les cris et les colères, nous essayons d’identifier les sources.

Un des premiers éléments qui est ressorti: le respect de la bulle. À l’heure du dîner, j’ai sondé les enfants : “Tel règle as été proposé, comment vous sentez-vous par rapport à cette situation?”

Nous avons rapidement constaté que tous les enfants avaient ce besoin de sentir que les autres respectaient leur bulle. Il est intéressant de noter que chacun a sa propre perception de sa bulle. C’est d’un commun accord que la règle a été accepté et noté.

Une autre règle proposé : fermer la porte de dehors pour éviter les mouches. Deux de nos enfants ont peurs de ces insectes volants et ont demandé cet ajout. La fois suivante, quand la porte est resté ouverte, j’ai nommé à Charlotte : ” Oh, tu te rappelles de la règle que nous avons décidé à propos de la porte?” Elle est revenue en courant, souriante pour la fermer.

Nos enfants sont en train de bâtir leur propre code de vie, d’apprendre à vivre ensemble et c’est vraiment intéressant à voir. Nous avons choisis de mettre les règles au fur et à mesures des incidents, la liste reste toujours ouverte. Ainsi, ça devient vraiment significatif parce que chaque règle a une histoire, des émotions exprimés expliquant son choix.

C’est un nous qui parle plutôt qu’un “je”, et l’enfant sent que la règle lui appartient tout autant qu’aux autres membres de la famille.

Bref, ça redonne du pouvoir à l’enfant. Ça redonne du sens aux règles. Gagnant-Gagnant.

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