Ou plutôt 12 jours à être là, d’une présence parfois sonore, souvent attendrissante pour l’oeil. Parce que ta vie, ta présence à toi, a commencée bien avant pour moi.
Il y a 2 semaines encore, je te parlais à haute voix alors que ta présence n’étais visible que par une rondeur dans mon corps. Chaque fois, papa m’interrogeait « quoi? » Et je répondais que je ne lui parlais pas; c’est avec toi que je communiquait mon bébé. Je commentais tes mouvements, te promettais de traverser tes hoquets terrestres avec toi, te disait: » oh, je sait que c’est bruyant parfois ici, ne t’inquiète pas c’est la vie qui se déroule. » Depuis que ta place est dans mes bras, papa continue de répondre « quoi? » quand nous sommes seuls tous les trois et que je te murmure quelque chose.
De mon ventre à mes bras, de la chaleur de mon utérus à ta place sur ma poitrine: tout a changé mais rien à la fois.
C’est que pour moi, c’est comme si tu avais toujours été la. Impossible d’imaginer un monde sans toi. Impossible d’imaginer me réveiller le matin et ne pas pouvoir admirer ton petit ventre qui se soulève. L’amour intense doublée de peur. Aujourd’hui j’ai peur parfois que ton souffle s’essouffle; hier j’ai eu peur de ne plus sentir tes mouvements en moi.
C’est que tu as toujours été là mon bébé. Tu as attendu patiemment ton tour; tu est resté au creux de mon ovaire, un rêve dans ma tête, alors que tu as vu tes soeurs naître une par une. Quand j’ai eu mal à la mâchoire à force d’embrasser ta soeur aînée, renversée par l’amour si intense. Tu étais là quand j’ai aimé ton père, un peu tout croche comme aiment les adolescents la première fois. Tu étais la quand nos chemins se sont séparés, et recroisés des années plus tard.
Tu es un merveilleux fruit du destin mon bébé.
Je te regarde dormir, mon seul souhait pour toi serait que je parviennes à te faire ressentir la pureté de cette amour toute ta vie. Que tu saches que je t’aime si fort, maintenant, et surtout, quand tu hurleras à 2 ans, quand tu ne comprendras pas pourquoi je dit non à 4 ans, quand tu auras l’impression que je manque de temps pour écouter tes histoires à 6 ans. Que moi même je soit capable de me rappeler, qu’un jour tu as été ce si petit bébé que j’ai rêvé de mettre dans une bulle pour protéger son sommeil. Je veut me souvenir de cet amour intense, quand la routine un peu chaotique dirigeras nos vies.
J’admire le miracle que tu représentes. Quatre enfants et j’ai encore du mal à me figurer comment nos corps peuvent créer un être humain aussi unique chaque fois. Chacun de tes étirements me fascinent. Tes bâillements, ta façon de chercher le sein, tes grands yeux curieux qui regardent de gauche à droite.
Mon bébé, ma fille, je t’aime si intensément.