Certaines personnes ont parfois l’impression qu’il n’est pas professionnel d’avoir une telle proximité avec le bébé.

Bercer, c’est le travail des parents, pas de l’éducatrice diront-ils.

Et le portage?

« Il doit apprendre à être hors des bras! »

L’affaire c’est que le petit bébé en garderie, ses besoins ne changent pas parce qu’il est en garderie.

Pour soutenir son développement à son plein potentiel, il a d’abord besoin d’un milieu avec un adulte prêt à lui offrir un lien d’attachement sécurisant. (Et ça, ça n’enlève rien à l’importance du parent hein 😉.)

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Ce que certains ne voient pas, c’est que l’éducatrice ne berce pas dans le but de « se faire plaisir », mais dans le but de commencer à tisser une toile invisible entre le bébé et elle.

La proximité c’est je te garde près de moi jusqu’à ce que la toile de la confiance tapisse suffisamment notre relation pour que tu saches, même sans me voir, que tu es entièrement en sécurité.

Le nom de cette toile: le lien d’attachement.

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C’est ainsi que la proximité offerte par le fait de bercer ou porter fait du sens.

Cette proximité c’est une réponse claire à

« Suis-je en sécurité ? Mes besoins seront-ils entendus? »

C’est aussi, particulièrement pour le portage, un point de base d’où observer tout ce qui se passe autour en étant légèrement en retrait.

Et surtout.

C’est un oui je suis là ferme et stable.

Et, avec la sécurité de cette base, le bébé prends confiance, ose prendre des risques (par exemple: se sentir assez en confiance pour s’éloigner suffisament de l’éducatrice pour suivre ses intérêts même si c’est à l’autre bout de la pièce.)

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La différence selon moi entre bercer avec une intention éducative professionnelle et bercer comme le ferait un parent par exemple, c’est le regard sur l’évolution qui sera teinté de son rôle professionnelle.

Mon rôle d’éducatrice reste d’accompagner ce bébé vers un sommeil plus autonome, parce que c’est ce dont il a besoin en tant que « petit en milieu de garde ». C’est sain, d’avoir ce but-là, quand on accepte par contre de partir d’où est actuellement le bébé comme point de départ.

Alors je le berce et je chante, et un jour je le dépose et je chante seulement et ainsi va l’évolution.

Ou je le flatte en racontant une histoire, et un jour ma main s’immobilise et doucement je suis un peu plus loin et ainsi va l’évolution.

Ou je le mets dans mon dos pendant des semaines, parce qu’il est plus logique pour nous deux de l’installer de façon sécuritaire dans un porte-bébé et me libérer les mains que de me fatiguer les bras. Et un jour, il court partout en confiance.

Je vais vous dire un autre secret d’éducatrices.

Vous savez, les petits bébés que j’ai portés, bercés, dont j’ai laissé les besoins être des priorités de 8h à 4h pendant quelques semaines ou mois?

La base d’attachement, de confiance, qu’ils ont en moi c’est un « investissement » pour plus tard.

Dans le livre joyful toddler, ils appellent ça être « mutually responsive ». Ils sont habitués à ce que la norme dans notre relation soit que les besoins de chacun soient répondus (répondus n’égale pas être d’accord), que ça facilite beaucoup l’encadrement rendu à 2 ou 3 ans.

Mais ce n’est même pas pour ça que je le fais.

Je le fais parce que si mon rôle d’éducatrice c’est de soutenir le développement de l’enfant, ça inclus assurément lui permettre de se sentir sécurisé. Et pour faire cela, des solutions existent.

Acceptons comme éducatrices de les utiliser. Normalisons ces solutions dans notre société comme alliés du bien-être des poupons.

Zoé

*(Je parle beaucoup de pleurs ici. Ce n’est pas le cas de tous les bébés, bien sûr. Agir avec intention éducative c’est s’adapter. Le lien d’attachement sera priorisé, mais ça se traduira autrement.

Aussi, éviter les pleurs complètement n’est pas une meilleure stratégie que d’ignorer les pleurs complètement. Parce que les pleurs sont normaux, et sains. Des pleurs de protestations peuvent avoir lieu dans un contexte sécurisant mais c’est un tout autre sujet. Je pourrais en parler pendant des heures.)