Chaque matin, elles se lèvent et alors il se produit l’une de ces deux choses :
– soit elles partent jouer ensemble dans leur monde imaginaire et alors je peux en conclure que c’est un départ pour une « bonne » journée
– soit elles cherchent à s’opposer, se chamailler et je peux déjà en conclure que ce sera une journée plus animé avec plus de gestion.
Oui, généralement à 7h10 je peux prédire ma journée (et je m’en sert pour ajuster ma façon d’être). Le problème avec cette donnée c’est qu’on obtient généralement ce à quoi on s’attends. Inconsciemment, on modifie notre comportement, on repère les indices qui vont de paire avec nos attentes.
(…)
C’est qu’en ayant 2 ans de différence, elles se retrouvent à franchir des étapes de développement qui les opposent. Les voilà à 2 ans et 4 ans. Toutes deux vivent un besoin de s’affirmer (à des niveaux différents) en simultané. Elles se font échos dans leur recherche de la position de meneur entres autres et certains jours c’est une lutte du lever au coucher.
Dernièrement, j’essaie de modifier ma perception. Plutôt que de n’en voir que la lutte, j’identifie le besoin de jouer seul, sans personne pour interrompre, modifier, imposer le cour du jeu. J’essaie de sortir de mes perceptions d’adulte, du bon et du mauvais. Je me donne la permission d’aller simplement vers ce qui fonctionne aujourd’hui.
Ce matin donc, le pattern qui se présente n’as rien d’exceptionnel dans une maison avec de jeunes enfants: l’une poursuit l’autre, celle-ci réagit de façon sonore et la roue tourne.
Je mets fin au cercle vicieux en proposant une activité en hauteur à la plus vieille. La petite, voyant l’absence de possibilité de continuer le jeu de comment-faire-crier-ma-soeur, part jouer. À un moment, la grande descends et la petite exige de prendre sa place parce que « je suis grande! »
Et puis, un moment banal. Un crayon tombe entre le congélateur et le mûr. Je ne réagit pas et j’observe, leur laissant l’initiative de régler le problème. Et c’est à ce moment qu’elles basculent vers le mode collaboratif. Une est couché sur le congélateur, guidant verbalement l’autre qui utilise le balais pour rapatrier le crayon.
Une bulle de coopération. J’essaie de rebondir sur celle-ci, en leur demandant de sortir le recyclage ce qui demande encore une fois de la coopération. En plus de répondre à leur besoin de se sentir utile dans la famille, d’utiliser leurs muscles.
Ensuite, retour vers les conflits. Je propose de nouveau des activités séparés.
Et puis, à 11h, ce que j’aurais souhaité entendre dès 7h10 se produit. Alice regarde Charlotte et lui propose : « Charlotte, on joue? ».
Et c’est le départ vers la bonne entente. Il semble que le reste de la journée ira mieux. 🌞