Je fais partie des parents qui ne croient pas au partage obligé.

Ça peut sembler surprenant à première vue: mes enfants ne sont jamais incités à « partager parce qu’on doit partager ».

  • Ils peuvent partager par choix parce qu’ils ressentent de l’empathie pour l’envie d’avoir de l’autre enfant.
  • Ils peuvent partager par choix parce qu’ils ont envie de jouer ensemble.
  • Ils peuvent se mettre d’accord sur le fait de séparer un jeu moitié-moitié ou utiliser une minuterie pour déterminer le rythme des tours parce qu’ils veulent jouer au même jeu.
  • Ils peuvent soumettre un problème au conseil familial s’ils sentent une injustice.
  • Ils peuvent avoir à gérer la déception qu’un jouet soit déjà prit (et je les aide à y faire face. )
  • Ils peuvent choisir de jouer pendant 1 heure avec un jeu, et refuser de partager si d’autres enfants veulent le même jeu. Ils ont le droit d’affirmer: « Présentement, j’aimerais jouer seul avec ce jeu. »

Pourquoi? Parce que je considère qu’il y a deux gros défauts au partage absolu.

1) Il limite le jeu
Plus l’enfant a du temps, plus le jeu devient profond et significatif. Si on demande toujours de changer après 5 minutes parce qu’un autre enfant veut le jouet, on entrave le déroulement du jeu; à long terme on l’habitue à limiter son attention à quelques minutes. Il reste en surface plutôt que d’aller au bout de ses idées.

2) On empêche l’enfant d’accéder à un partage plus significatif, choisi de plein gré.

Il partage parce qu’il n’a pas le choix et non par empathie, compréhension du désir de l’autre, envie de partager etc. On tombe dans la discipline de l’adulte vers l’enfant plutôt que de le laisser expérimenter les conséquences naturelles de ses gestes. On lui refuse le droit d’affirmer ses besoins, ses limites.

Aussi, partager par choix et recevoir la conséquence naturelle du plaisir de l’autre, du plaisir avec l’autre, c’est une richesse. Pour se faire, il faut absolument laisser le pouvoir de décider aux enfants.

De l’importance de gérer ses frustrations, de bâtir sa résilience.
Aussi, le partage forcé possède un défaut pour l’enfant qui reçoit. Pourquoi les adultes forcent le partage? Pour plein de bonnes raisons donc le désir d’ouvrir leur enfant à de belles valeurs, mais, aussi, pour ne pas gérer de déceptions. C’est vrai; nous n’avons pas envie que le petit pleure parce qu’il n’a pas son camion. Accepter que l’autre ait quelque chose qu’on n’ait pas, c’est difficile. Cependant, c’est nécessaire d’accueillir ses émotions et de les laisser être plutôt que de toujours chercher une solution.

Malgré tout, à force de modeler, de respecter aussi leurs désirs, le partage vient naturellement chez les enfants. Ils ont envie de partager lorsqu’on leur laisse la possibilité de choisir de le faire, ou non. Le rôle de l’adulte ici est d’accompagner. De nommer, possiblement, ce qui semble dériver un peu du cours normal des choses: « Je vois que… » « Je me demande..  » De mettre en place une structure comme le conseil de famille ou de groupe pour que les enfants puissent discuter ensemble, trouver des règles qui leur conviennent.

Et c’est précieux, un partage qui vient du cœur. Le partage d’un enfant qui choisis de le faire parce qu’il souhaite réellement le faire. Parce qu’il en as expérimenté le bonheur.

D’autres articles:
La grande conversation sur les petites sœurs / Faire fâcher les grands

Ce moment où personne ne souhaitait ranger les jouets

J’ai laissé mes enfants choisir les règles

 Le truc du décompte (10 secondes)

3 raisons de ne pas féliciter ses enfants (et quoi faire plutôt)