D’ailleurs, c’est pour ça que je le berçais: je tentais de le réconforter parce que c’était sa première journée sans ses parents.
Hier donc, j’ai bercé un bébé qui n’était pas le mien. Je l’ai porté dans mon dos pour l’aider à apprivoiser ce nouveau milieu qui deviendra une partie de son quotidien. Je lui ai chanté une berceuse alors que j’essayais de déterminer la meilleure façon de l’aider à s’endormir. Il a glissé sa tête dans le creux de mon cou, et s’est laissé bercer comme ça jusqu’au sommeil.
Hier, j’ai bercé un bébé qui n’était pas le mien. Puis je l’ai déposé dans le parc et j’ai tapoté son dos pour l’aider à s’endormir. Jour après jour, j’ai travaillé avec lui pour l’aider à avoir une routine, pour qu’il s’endorme plus facilement. Parfois, il a dormi en poussette sous le chant des oiseaux…
Hier, j’ai bercé un bébé qui n’était pas le mien. Je l’ai nourri, je l’ai promené en poussette en lui faisant découvrir le quartier. Je l’ai aidé à apprivoiser le vent, la neige, le froid et le chaud. Je lui ai pointé des écureuils, des oiseaux, des fleurs… Je l’ai porté sur ma hanche en cuisinant, lui ai tenu la main pour traverser la rue. 8 ou 10 heures par jour, j’ai veillé sur son quotidien.
Hier, j’ai bercé un bébé qui n’était pas le mien. J’ai trouvé des activités pour l’aider à développer son langage, sa motricité. J’ai appris à connaître ce qui le rendait heureux, sa façon d’apprendre, de jouer. J’ai passé des heures à chantonner « chacun son tour » jusqu’à ce qu’il parvienne à demander un jouet plutôt que le voler des mains d’un autre…
Hier j’ai bercé un bébé qui n’était pas le mien. J’ai laissé des « inconnus » entrer dans ma maison deux fois par jour, et j’ai travaillé en équipe avec eux. Nous avions un but commun après tout: aider leur enfant à s’épanouir.
Aujourd’hui, j’ai dit au revoir à un enfant qui n’est pas le mien. Après avoir cuisiné, joué, bricolé, marché, courut, chanté, dansé, le voilà qui part vers une nouvelle aventure.
Demain, je vais bercer un autre bébé qui n’est pas le mien. Je le laisserai appuyer sa tête dans mon cou en chantant : » les petits poissons dans l’eau, nagent nagent… »