Être parent et éducatrice différemment. Bienveillance, école-maison, éducation alternative au quotidien.

Il était une fois, la loi 143… (Spoiler: plusieurs sdg en milieu familial vont devoir fermer.)

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Dans la plupart des villes au Québec, ouvrir un service de garde en milieu familial privé était assez simple : l’éducatrice devait respecter le ratio de 6 enfants payants.

Fin.

(Certaines villes ou compagnies d’assurances ont leurs propres règles qui s’ajoutent à celle-ci ainsi que la MAPAQ.)

Tout le reste, et bien ça devenait une question d’offre et de demande. Après tout, l’éducatrice offre un service donc c’est à elle de veiller à répondre aux besoins des parents. Un parent vegan choisira un service de garde en milieu familial vegan, un parent maternant choisira un service de garde en milieu familial maternant, un parent plus axé sur la discipline choisira le service de garde en milieu familial qui répond à ce besoin.

Choisir le bon service de garde, c’est la responsabilité des parents. De la même façon qu’on leur fait confiance pour savoir ce qui est le mieux pour leurs enfants dans les autres sphères de leurs vies. Les parents donc, visitent des services de garde en milieu familial, posent des questions, et choisissent celui qui cadre le mieux dans leurs valeurs. Ça permet donc une belle continuité entre la maison et le service de garde. Être à la garderie un peu comme à la maison.

En 2017, nous sommes loin des services d’antan où il suffisait d’une boîte de jouet dans le salon; plusieurs éducatrices rénovent leur maison, investissent dans du matériel coûteux ou suivent des formations spécialisées. Celles-ci le font en ayant confiance que ça se repayera dans le futur, et étant heureuses d’offrir une grande qualité aux petits qu’elles reçoivent chaque jour.

Plusieurs éducatrices profitent de leur métier (et certaines l’ont choisi spécifiquement pour cette raison) pour élever leurs enfants dans leur milieu. Pour elles ce n’est que logique : offrir le meilleur aux touts petits des autres oui, mais aux siens aussi.

La loi 143

Je reviens donc à la loi 143 qui vient de passer et modifie la réglementation en lien avec les services de garde en milieu familial. Cette loi vise à améliorer la qualité des services éducatifs (génial!), mais le comment est plus problématique… Nous avons tous déjà visité un milieu familial douteux dans un sous-sol pas très propre, et nous sommes tous d’accord qu’aucun enfant ne devrait y être envoyé, soit, mais malheureusement rien dans la loi 143 ne fera fermer ces endroits spécifiquement… La loi s’applique dès maintenant pour les nouveaux milieux et dès septembre 2019 pour les milieux existants.

La baisse de ratio

Les éducatrices ayant des enfants, par contre, seront affectées. Le gouvernement prévoit de forcer une baisse du ratio passant de 6 + les siens à 6 incluant les enfants de moins de 9 ans de l’éducatrice. Ce qui veut dire que l’éducatrice qui a 3 enfants à elle donc 2 à l’école, et qui reçoit 6 enfants “payants”, devra renvoyer 3 enfants afin de répondre à la baisse de ratio exigé par la loi. Les touts petits bénéficient de la présence des enfants d’âge scolaire, et pourtant, l’éducatrice devra choisir entre envoyer ses enfants à elle loin d’elle sur les heures d’ouverture ou baisser son ratio.

Baisse de ratio, ça implique de renvoyer des enfants qui ont un attachement envers leur éducatrice et le milieu où ils passent leurs journées. Des enfants qui ont des amis dans leur milieu. Des enfants qui aiment s’endormir pendant que “Danielle” leur flatte les cheveux. Qui aime les blagues de “Jacynthe”.

Un enfant à l’école équivaut un préscolaire présent toute la journée??

Ma fille de 8 ans, pourtant absente de 7h15 à 15h30, compterais comme une place sur les six auxquelles j’ai droit. Puisqu’elle est parfois là, le gouvernement la compte. Je vous assure que sa présence n’affecte pas mes capacités à prendre soin des petits.. Si elle allait au service de garde, elle demande si peu de surveillance à son âge qu’on la placerait dans un groupe de 20 ou plus d’ailleurs… Je comprends que certains ont dû mal à s’imaginer gérer 6-7 enfants. C’est pourquoi justement, on ne doit pas gaspiller les éducatrices ayant ces capacités en rendant les conditions de travail plus mauvaises…

La fin des remplaçantes

À compter de septembre 2019, il sera également illégal de se faire remplacer. Si une éducatrice a un rendez-vous médical, elle devra fermer. Si elle souhaite rester ouverte pendant sa grossesse, impossible de se reposer parfois en utilisant de l’aide d’une remplaçante… Ca veut dire qu’une éducatrice devra choisir entre prendre soin d’elle et fermer ou offrir un service même si elle sent qu’elle ferait mieux de se faire remplacer… Les éducatrices devront également renoncer à s’impliquer dans le quotidien de leurs enfants puisque sans remplaçante, elles auront le choix entre manquer le spectacle du petit dernier ou fermer leur service pour la journée.. Quand on offre un service 50 heures par semaine, pouvoir se faire remplacer occasionnellement, c’est loin d’être un caprice.

Les documents obligatoires

Plusieurs documents (attestation d’empêchement par exemple) seront maintenant obligatoires $$, ce qui n’est pas nécessairement mauvais, mais dans un contexte de baisse de ratio, ça signifie d’autres frais supplémentaires récurrents qui seront plus difficiles à rattraper..

Perdre jusqu’à 50% de son salaire… Et elles fermèrent leurs portes…

Certaines éducatrices pourront rester ouvertes, certaines augmenteront leurs tarifs, certaines fermeront….

Pourriez-vous vivre avec 50% de votre salaire? Si ça doit aussi payer vos dépenses pour maintenir une bonne qualité de service?? Plusieurs parents doivent déjà visiter 10 services de garde en milieu familial avant d’en trouver un qui convient à leurs valeurs personnelles. Et si c’était celui-ci qui fermait? Et si le retour au travail pressait tellement qu’ils seraient obligés de prendre un “pas si pire”? Sans parler des parents de 2 ou 3 enfants en âge préscolaire qui devront travailler encore plus fort pour trouver un milieu ayant 2-3 places.. Pour éliminer les enfants qui fréquent des mauvais milieux, ce donc on a besoin c’est plus de choix afin que personne n’ait a se contenter du “pas si pire”. Et la notion d’un bon milieu varie selon le mode de vie de chaque parent.

Les éducatrices maternantes seront probablement les premières à fermer, parce qu’entre leurs enfants et le revenu le choix deviendra évident…

Il faut faire confiance aux parents, aux éducatrices, elles connaissent leurs capacités, leurs besoins.

L’effet sur la société
Baisse de salaire = plus d’allocations
Impossible de trouver une garderie = baisse de salaire

Etc.
Ai-je besoin d’en dire plus? Ce sont des milliers de femmes qui verront leur salaire baisser avec ce changement dans la loi.

Et tout le reste…

On parle de programme éducatif imposé, de x ou y formation, de pleins d’autres règles qui pourraient alourdir encore plus les milieux d’ici quelques années..

Vous savez, je fais des choix différents pour mes enfants. Je ne suis pas la seule. Je refuse de les laisser pleurer même si la “spécialiste” liée à un site de formation pour éducatrices conseille de laisser hurler les bébés…

Cette liberté de choisir ce qui est le meilleur pour mes enfants, et d’offrir ma façon de faire à ceux que je reçois, je ne souhaite pas la perdre.

Compromis acceptables (moi aussi, je veux éliminer les SDG dangereux)

Je n’ai aucun problème avec le RCR obligatoire (la plupart l’ont déjà, c’est juste normal) et les mesures qui n’affectent pas notre liberté de choisir ce que nous offrons comme type de services, et surtout qui ne forceront pas les éducatrices a choisir entre leur métier ou leurs enfants.

Vous savez, suivant le principe de la loi de l’offre et la demande, la façon la plus simple de faire fermer les services de garde problématiques est d’éduquer les parents.. Si personne n’accepte que son enfant mange des hot dogs tous les midis, et bien, ensemble, on fera disparaître ces services-là.. C’est beaucoup plus efficace d’avoir des parents alertes 365 jours par année que n’importe quelle règle…

8 commentaires

  1. Claudia

    Bravo ce texte est magnifique. Et il explique tristement notre futur situation:(

  2. Claudia

    Bravo ce texte est magnifique. Et il explique traitement notre futur situation:(

  3. nadine thibodeau

    Faut penser aussi au Remplaçante qui perdront leur emploie. Injuste et pourquoi ???

  4. Patricia

    Moi ce que je trouve exagéré cest de plus avoir le droit au remplacement ça me rentre difficilement dans la tete…..c’est etrange mais j’aurais plus mis l’accent sur ce point qui na pas de sens, que sur le ratio. Les services de garde acredité on toujours eu un ratio a respecter avec leur enfants donc eux aussi perde 50% de leurs salaire….. sa ne fait seulement que prouver que lorsqu on a des enfants on ne souvre pas un SDG pour l’argent mais bien pour l’amour du metier (des enfants).En resumé le texte es tres beau mais jaurais vraiment plus axé sur le.remplacement qui na aucun sens pour la famille et 50h sans jamais se faire remplacer n’es pas bon non plus pour la santée…En tout cas sa reste mon opinion…😔

  5. Emilie

    Bravo très beau texte!!! Mais, quesque l’on peu y faire?

  6. Nancy

    Étant rsg accrédité, je vis actuellement ces pertes de salaires ayant 2 enfants primaire. Et oui ceci est pas évident de perdre de l’ argent je vous comprends. Cependant tous égaux pour offrir les mêmes services de qualité

  7. Cath

    Pourquoi parlez vous d’egalité quand vous êtes libres de choisir de vous accréditer ou non? Chaque situation a ses inconvénients et avantages, nous perdons avec cette loi nos avantages (ratio/remplacement) malgré notre choix d’être privé avec aussi ses inconvénients (pas de soutien du bc, pas d’assurance maladie, rqap de travailleur autonome etc.). Le RCR et absence d’empêchement c’est plus que correcte mais ma diminution de salaire contre mon gré alors que je suis travailleur autonome c’est un non sens. D’avoir le choix de fermer (encore une perte de salaire + compliquer la vie des parents utilisateurs) et aller aux activités de mes enfants ou juste me reposer de mon habituel 50h/semaine c’est aussi un non sens. Vous devriez être solidaires au lieu de vous réjouir « d’être enfin égale », on ne compare pas des pommes et des oranges.

  8. Sandra

    Je suis tout à fait d’accord