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Pourquoi mon enfant n’arrive pas à jouer seul ? Et comment y arriver?

Les enfants intègrent leur quotidien comme référence de ce qu’est la normalité. C’est en observant et expérimentant qu’ils forment leurs attentes, qu’ils intègrent des règles non écrites quant à la façon donc les choses sont censées se produire.  Dans un cadre où un enfant a été habitué à suivre des directives sur ces jeux en grandissant (d’un adulte ou d’un plus vieux que lui), lorsqu’on souhaite passer au jeu libre et simplifié il est possible qu’on se retrouve face à un constat: l’enfant semble ne pas avoir cette capacité de jouer des heures durant avec tout et n’importe quoi.

La plupart du temps, le problème n’est pas que l’enfant ne possède pas cette capacité en lui (il suffit d’observer un jeune bébé s’amuser en regardant autour de lui, en découvrant ses mains et pieds pour voir que c’est souvent inné) mais simplement, qu’il a appris une autre façon de fonctionner. Lorsqu’on place ce dit enfant dans un espace consacré au jeu libre, avec des jouets sans fonctions précises, souvent, on va obtenir une de ces réactions:

– Il va tourner en rond, demander de l’assistance a l’adulte (directement ou indirectement par des comportements “dérangeants”.)
– Il va chercher quelqu’un qui peut lui donner des directions et va suivre (un enfant plus vieux, par exemple.)*
– Il va vider les bacs, les remplir, errer, détruire le matériel (d’une façon non constructive pour son âge, motivé par l’ennui et non l’exploration)
– Il va y avoir plus de chicanes, motivées par l’ennui…
– Il va sembler rester dans l’attente, attendre la prochaine activité dirigée pour jouer.

Etc.

Évidemment, la personnalité de chaque enfant aura une grande influence sur sa façon de réagir.

Pourquoi vouloir que l’enfant apprenne à jouer plus librement ?? 

Avant tout, pour lui donner une grande liberté, un pouvoir. Celui d’utiliser les jeux pour apprendre à se connaître, d’approfondir ses intérêts, de tester les habiletés qui a du sens pour lui dans le moment présent. Le pouvoir d’utiliser le jeu pour l’aider à mieux comprendre son quotidien (souvent, librement, les jeux des 3-4 ans par exemple vont tourner autour d’une reproduction, d’une exploration de leur quotidien en jouant aux parents, a faire l’épicerie, etc.. )  Ce genre de jeu peut les aider grandement lorsqu’ils vivent de “petites épreuves”, des frustrations, des défis (C’est presque une thérapie autogérer !) … L’enfant libre, va jouer à ce donc il a besoin. Simplement. Il va développer plusieurs habiletés, plusieurs sphères de développement lorsqu’il est motivé par le plaisir de jouer. Rien ne peut équivaloir à la motivation interne.  

Comment accompagner un enfant vers le jeu sans directives?

Voici quelques pistes.

1) Être occupé, comme adulte, à une tâche que l’enfant peut modeler.
On va racler les feuilles, préparer du pain, couper des légumes, creuser un trou, travailler au jardin, faire du yoga. Les enfants sont évidemment libres de venir aider ou imiter, mais on ne les invitera pas nécessairement avant qu’ils en manifestent le désir. On reste disponible pour gérer les petits conflits du quotidien, mais on ne dirige pas le jeu, on se contente de verbaliser ce que l’on fait si ça suscite de l’intérêt. On modèle simplement un humain concentré sur une occupation.

2) S’assurer que le matériel disponible suscite l’action et l’expérience adaptée à l’âge de l’enfant.
Au début, on peut avoir une plus grande quantité de matériel, le temps d’apprendre à connaître davantage les enfants de notre groupe ou nos enfants. On va observer, beaucoup, et découvrir le profil type de chaque enfant, certains enfants vont préférer les grands éléments moteurs pour grimper, d’autres les jeux de constructions, de rôles, les petites pièces, les bacs sensoriels… Lorsqu’un enfant jouera plus longtemps que d’habitude, on notera les circonstances, le jeu, on recueille des informations bref.

3) Offrir des inspirations
Comme une première étape avant le jeu complètement libre, on peut les aider au début.

-En préparant des invitations à créer sans consignes, juste du matériel rassemblé ensemble, pour les aider à s’inspirer…
-On peut offrir des bacs sensoriels avec une variété de matériel  à proximité (figurines pour jeu de rôles, tasses et cuillères pour manipuler, éléments pour trier et voir, la façon donc l’enfant l’utilise).
-On peut mettre des livres de bricolages dans le coin bricolage, de constructions dans le coin constructions, de yoga ou d’exercices dans le coin moteur…
– On peut donner le début d’une idée de projet ouvert, mais inviter les enfants à choisir les détails.
– On peut modeler, encore une fois, en construisant quelque chose, en bricolant (pour décorer la salle de jeu?), sans rendre “enfantin” nécessairement notre oeuvre. On le fait pour de vraie ! 🙂
– Mettre de la musique douce ou mouvementée pour voir la façon donc ça les influences.
– Lire des histoires variées.
– Choisir des activités “semi-dirigés” que les enfants peuvent facilement refaire eux-mêmes sans interventions de l’adulte.

4) Accepter un peu d’ennui.
C’est en s’ennuyant que le besoin d’apprendre à se divertir seul surgira. On peut évidemment accompagner l’enfant en lui reflétant ses émotions, en l’aidant à trouver des solutions ou des idées (sans les trouver a sa place!), en lui fournissant le matériel qui répondra à ses intérêts… Mais c’est à l’enfant que revient la responsabilité de se mettre en action.

5) L’accompagner à acquérir les habiletés qui l’aideront dans ses explorations
Les grilles d’observation devraient être un complément, un outil mais le plus important : répondez aux besoins et intérêts. Un enfant aime les bricolages, aimerait réaliser ses costumes pour ces jeux de rôles? Ok, alors on va l’aider à découper un peu plus efficacement en lui offrant des occasions. La différence ici, ce n’est pas tant la présence ou l’absence d’activités de tel ou tel type, c’est la motivation derrière.

On observe, on répond aux besoins, on donne du pouvoir aux enfants. 

Simplement.
L’objectif devient de redonner son pouvoir a l’enfant. Une grande liberté. Celle d’être celui qu’il est vraiment.

Celui de passer plus de temps à développer les habiletés qui ont le plus de sens pour lui. Le pouvoir d’explorer aussi longtemps qu’il le souhaite, les concepts qui le fascinent. Celui de croire à ses rêves, et d’avoir l’impression de s’en rapprocher.

N’est-ce pas merveilleux ?

Beaucoup d’adultes n’ont même pas ce pouvoir. Ils ont des rêves, des intérêts, qu’ils négligent parce, que la vie ! Mais l’enfance, l’enfance, devrait être une zone protégée, une période où rien n’est plus important.

Laissons les enfants être des enfants, librement.