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Ce matin, j’ai eu envie de sortir ma guitare. Je gratouille. Je me donne comme objectif d’apprendre une panoplie de chansons pour enfants parce que j’adore partager mes passions avec eux : ça rend tout le monde heureux. Entre deux chansons, j’ai levé les yeux, attirée par un bruit continu. Mon grand de trois ans m’a pris mon « pick » pour gratouiller à son tour alors j’en ai profité pour écouter et regarder plus attentivement ce qui avait attiré mon attention. Je me suis rappelé que j’avais accroché le boyau d’arrosage en haut du carré de sable et, maintenant, une grande flaque d’eau s’était formée. L’eau continuait de couler tranquillement et ça nous faisait entendre une jolie musique. Juste à côté, une demoiselle de deux ans en profitait, calme, paisible et heureuse. Elle remplissait son petit contenant pour le vider dans un autre. Lavait de temps à autre ses mains. C’était beau. Elle avait encore sa serviette sur le dos et, chaque fois, qu’elle se penchait, sa serviette trempait dans la flaque de boue. Ça n’avait pas l’air de la contrarier du tout. Elle a laissé sa serviette imprimer les souvenirs d’une journée sereine.

Comme quelques enfants étaient attirés par les belles tomates rougies par la pluie et le soleil du long weekend, j’ai abandonné ma guitare et les y ai rejoints. Wow! On était tous impressionnés par l’abondance dont on pouvait profiter! Des belles tomates! « On ne prend que les rouges, les vertes sont pas encore prêtes! ». Évidemment, y’en aura toujours un avec une tomate verte dans la main et qui demandera, une fois cueillie « Elle, est tu prête?? »…ça fait partie de la game. On s’accroche dans les toiles d’araignées, on essaie de ne pas piétiner les plants de fraises des champs. On salue au passage un verre de terre qui ferait mieux de retourner sous terre : « Pourquoi Marianne? ». « Parce que le ver va sécher au soleil et mourir. Il doit vite retourner faire son travail sous terre, à nourrir les plantes ». Le plus jeune du groupe va croquer dans sa tomate cerise (chose qu’on apprend vite à ne jamais faire…à moins qu’on veuille se retrouver aspergés de pépins de tomate ou qu’on ait découvert une technique antifuite!!). La vue de ces beaux pépins gaspillés me rappelle qu’on est l’automne, et qu’il est grand temps de choisir les plus beaux fruits pour en récolter les graines qu’on sèmera au printemps prochain.

À l’automne dernier, on est allé cueillir des courges avec les parents. Il y en avait de toutes les formes et de toutes les couleurs! On s’est régalé pendant l’hiver avec les potages, les purées, les courges spaghettis et les graines de citrouilles grillées! Devant toute cette beauté, j’ai eu l’idée de conserver quelques graines de nos spécimens préférés. Pas bien, bien compliqué : il suffit de prélever les graines de courges en santé, de les faire sécher, de les identifier dans un petit sac et de conserver dans la noirceur d’un contenant et à l’abri de l’humidité. Cette année, c’est dans notre jardin que les enfants pourront cueillir leur citrouille! Ils ont eu l’occasion de mettre la graine dans la terre, de voir le plant pointer son nez, grandir et produire de superbes fleurs oranges! Maintenant que l’automne approche, on peut admirer nos beaux fruits ronds profiter du soleil et attendre qu’on les ramasse. Ici, les enfants grandissent au fil des récoltes.

La simplicité du quotidien est ce que je cultive de plus en plus.

J’ai semé de la patience, du lâcher prise. Je me suis permis de donner beaucoup de compost à mes passions et les enfants sont devenus mon engrais. Un peu quétaine comme image, non? Hihi, vous pouvez rire, vous avez le droit. Ici, j’apporte des connaissances aux enfants mais ce sont eux qui m’ont permis de comprendre qu’il n’y a rien à acheter pour être heureux. Pas grand-chose à planifier pour apprendre. Il n’y a qu’à ouvrir grands les yeux et attendre. Sortir dehors, ouvrir les yeux et attendre. Sortir dehors, s’ennuyer, ouvrir les yeux et attendre. On s’assoit, on regarde les enfants au travail et on s’en inspire. Le reste va venir tout seul. Et si, un jour, j’entreprends d’apprendre le nom des insectes aux enfants, ce ne sera pas, en tout cas pas en premier lieu, avec une affiche ou un livre des insectes d’Afrique. Ce sera parce que j’aurai pris un enfant en flagrant délit d’arracher les pattes d’une araignée…et j’en profiterai pour lui dire à quel point son travail est important.

Ce récit d’une journée inspirante nous vient de Marianne St-Pierre, qu’on peut suivre sur le groupe: Mon service de garde vert