Après une vie à être un fier travaillant, il a hérité ça de son père, le voilà qui fait face à la maladie.

Il parle de la maladie au futur; bien sûr il bégaie un peu, il s’excuse d’oublier les noms, mais il est encore là.

Dans l’attente.

Il y a quelques années, il est venu m’aider à faire une clôture. Il a travaillé 40 ans dans la construction, pouvait concevoir n’importe quoi dans sa tête, et là, non. Ça ne marchait pas, il n’arrivait plus à visualiser.

Ça nous mène à aujourd’hui : j’ai une clôture un peu croche (et je l’aime comme ça 😉 ) et mon père a un diagnostic d’Alzheimer.

(…)

J’ai commencé à collecter ses souvenirs dans un livre. Pour que mes enfants aient droit aux anecdotes, à l’histoire de son grand-père, un sourcier marié six fois. Au souvenir de ses pas dans le corridor alors qu’il me rendormais après le boire de 2 heures du matin “devant un match de boxe”. Je penses qu’il a été paternant avant même que le terme existe, pour lui c’était simple: il voulait voir ses enfants heureux et/dont n’aurait jamais put laisser pleurer son bébé. Il m’as dit qu’il tient ça de sa mère, tout donner pour ses enfants.

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Mon père a toujours attendu ce petit fils. Il avait ce rêve qu’ont bien des hommes québécois : voir son petit fils dans la LNH. Oh il aimait ses petites filles. Bien sûr. Il était là pour elles. D’ailleurs l’une d’elle a faillit naître dans son camion 😉. Mais il continuait d’espérer ce petit garçon. Il se voyait assister aux matchs de hockey, l’encourager. C’est un partisan fier des Canadiens, qui écoute chaque partie depuis toujours. Pour lui, c’était le rêve ultime, avoir un hockeyeur dans sa descendance.J’ai eu un fils. Comme cadeau de naissance? Des caches-couches bleu blanc rouge.Alors qu’il n’avait que quelques semaines, il l’as prit dans ses bras, rêvassant encore à ce vieux rêve, s’imaginant tenir le prochain grand joueur de hockey dans ses bras.

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L’ironie c’est que mon fils ne jouera jamais au hockey, trop risqué. Ce qui compte vraiment après tout, c’est qu’il a un grand-père fasciné par lui, qui l’as espéré pendant des années. Pour toutes sortes de raisons d’ailleurs, pas juste le sport national.

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Bref, un jour, j’écrirai dans mon journal de grand-mère que ce que j’ai retenu de mon père c’est qu’il aurait tout donner pour ses enfants. Que sa présence et son soutien étaient inconditionnels. Qu’il était un paternant sans même savoir que ça portait un nom.