J’aimerais que l’Alzheimer soit moins tabou pour pouvoir vous raconter comment on rit, souvent.

Parce que la maladie est terrible, nous sommes d’accord mais il existe un espace, une suspension du temps, où le bonheur est encore possible.

Je sais pertinemment, qu’il s’agit de temps emprunté mais j’ai décidé de créer chaque fois un petit monde, un petit espace dans l’univers pour que ça fonctionne, ce jour-là.

Et j’ai envie d’en parler, un tout petit peu, pas trop.
Parce que tout ce que j’ai lu sur la maladie n’en parle pas.

Oh, je vous raconterais les aventures d’une mère, ses 5 enfants, le grand-papa et l’Alzheimer.

Nos journées ensemble et le chaos parfois.
Mais la connexion et le positif surtout.

J’aimerais vous parler d’adaptation, du plaisir de faire ses plats préférés.

De la drôle de vibe que ça comporte d’être passé de les faire avec lui à ce qu’il me demande chaque fois: “Ah ouin? Je ne sais pas ce que c’est. Est-ce-que j’aime ça ?”

Du même coup, de la façon donc ma fille de cinq ans as naturellement remarqué comment se déroule la relation lorsqu’une personne se situe entre l’âge adulte et le besoin d’assistance.

Je le sais parce que dernièrement, je l’ai vu se diriger vers lui quand il s’éloignait, le prendre par la main, naturellement et respectueusement lui suggérer de revenir vers moi. Je n’ai jamais eu à lui demander, elle a appris parce que c’est devenu normal.

Parce que mes enfants bénéficient encore de sa présence.
Parce que mes enfants bénéficient beaucoup de sa présence.

De sa patience parfois surprenante pour le jeu.
De comment s’adapter aux limites des gens, porter attention.
De lui qui as tout le temps du monde pour eux, s’ils sont patients.
De l’art de reformuler plus clairement, expliquer, prononcer, pour faciliter la communication.
Et tant d’autres choses.

Alors ils courent dans mon corridor ensemble, parce qu’il ne se tanne pas de faire la course avec son petit-fils.

Puis ils embarquent dans mes projets pis on rit pis on rit pis on rit parce que clairement on fait un peu une équipe mal assortis avec le bébé grimpé quelque part pis le papi un peu confus pis tout le reste. Alors on rit aux éclats. Puis on descend le bébé, pis on retrouve les souliers.

Heureusement, nous avons encore du temps aujourd’hui.