Quand j’ai commencé à approcher de l’âge « scolaire » de mon premier enfant pour qui je savais que j’allais prendre le chemin de l’école maison, la lecture me semblait LE gros morceau. Parce que la lecture est importante : c’est un loisir qui permet de s’évader, une voie de communication, une possibilité d’en apprendre plus sur n’importe quel sujet qui nous intéresse. La lecture c’est une base, une fondation, une plate-forme de lancement, qui permet de s’élever et d’aller plus loin dans plein de domaines.

Comme adulte, je savais lire. Plutôt bien, même. Sans même réfléchir, mon cerveau détecte automatiquement les sons, les mots qui sont construits par ces 26 lettres (je trouve ça encore plutôt extraordinaire, 26 lettres pour tout dire !). Comment offrir ceci à mon enfant ? C’était la question que je me posais. J’ai donc tenté de vous aider en vous nommant plusieurs informations qui pourraient vous aider comme parent approchant cette étape. Je n’ai pas tout mis, il y tant de chose qu’on pourrait dire ! :) L’article regorge de liens (mots en vert) vers d’autres articles pour approfondir certains sujets.


Premier constat: Le matériel scolaire de français niveau première année ne suffit pas vraiment pour la lecture. Je parle des cahiers de maison d’édition comme ABC Majesté ou Lilou. Ils sont conçus plutôt pour accompagner et apprendre la grammaire, certains sons complexes, mais l’enseignement des sons doit être fait parallèlement à ces cahiers. Ce n’est pas assez.

Deuxième constat: Si nous souhaitons prendre la route des cahiers, il existe quelques choix:
– Au village des sons (et ses cahiers du type enquête)
– les Alphas (approche européenne)
Apili (approche européenne)
– cahiers maisons offerts sur des sites comme le jardin de Vicky ou mieux enseigner.
Quelques autres compagnies offrent du matériel, que je n’ai jamais eu l’occasion d’explorer donc je n’oserais le référer mais faites des recherches, il y a régulièrement des nouveautés.

Les cahiers ne sont pas obligatoires par contre, nous pouvons partager le code
de la lecture et la façon de le décoder sans jamais ouvrir un cahier si c’est ce
que l’on souhaite. Plus de travail pour le parent ? Possiblement. Impossible?
Vraiment pas.

Avant même de penser lecture, on introduit dans notre vie les personnages des
Alpha (mais ça pourrait être une autre approche aussi). On apprend à les
connaître, on tisse une relation. On les ressort, on les anime. On joue à les
cacher et deviner qui est là selon son chant.

On les lance dans le salon partout sur le plancher et l’enfant doit sauver la bonne lettre selon le chant.

On fait foncer les lettres les une sur les autres pour provoquer l’étincelle de la
fusion syllabique. Ou on les fait glisser dans une glissade. Si vous avez du mal pour cette partie, cherchez fusion des syllabes, vous trouverez pleins de jeux et d’idées. 

Au tout début, quand j’ai besoin de travailler avec mon enfant la rapidité de
décodage, un petit tableau blanc est précieux pour créer des jeux instantanés
assis collés sur le divan. Différentes variations de « J’écris des lettres ou des
sons complexes ou des mots sur le tableau. Tu dois effacer tous les insectes,
mais tu dois nommer le son avant pour pouvoir le faire.  » et j’y mets exactement
les sons simples, puis complexes, qu’on priorise présentement.

Je créer pleins d’occasions ainsi: des mini jeux de société éphémères dessinés sur des feuilles, des jeux actifs (court pour aller toucher le bon son en mettant on
d’un côté de la cour, ou de l’autre), des cartes style bingo des syllabes.

Une fois que l’enfant peut décoder assez efficacement (en cas de doute,
continuez à passer du temps à associer le son aux lettres. Il ne faut pas
vouloir aller trop vite.), on peut passer aux phrases drôles. L’idée est hyper
simple: on écrit des débuts, milieux et fins de phrases sur des bouts de papier.
On peut laisser l’enfant les peindre avec de la peinture aquarelle avant.
L’enfant pige 3 papiers, un de chaque catégorie, lit puis dessine la phrase. On
adapte le niveau pour qu’il soit parfaitement ajusté pour l’enfant devant nous.
Si on veut qu’il gagne de la confiance avec le on, on met pleins de on dans les
mots.

On les expose avec régularité, la plupart du temps.
Pas besoin d’avoir une heure dédiée au français chaque jour entre 8h et 9h. Par contre, prévoir une exposition par jour, quelques jours par semaine, me semble faciliter un apprentissage pour la plupart des enfants. Créez votre routine selon les besoins de votre enfant et vos besoins, mais en général, de courtes périodes sont plus naturelles pour l’enfant au début primaire.

Oh, et on prend des pauses, si on sent qu’on le fait juste pour le faire une journée, que le cœur n’y est pas. Si c’est plusieurs jours, alors on prend un pas de recule et on tente de comprendre ce qui se passe. On publie sur un groupe d’école maison, on texte notre amie maman qui a un enfant en apprentissage de la lecture aussi, on écoute un podcast sur le sujet. Et on recommence.

L’ordre suggérée de présentation des lettres n’est généralement pas l’ordre alphabétique
Chaque méthode a son propre ordre, mais en général, on commence par les voyelles, puis les consonnes longues, puis les consonnes courtes plus communes puis finalement les lettres aux sons plus rares. Si vous utilisez du matériel issus de la méthode syllabique, récent et bien pensé, c’est ce qui sera probablement déjà prévu dans le matériel.


On cultive une culture forte de la lecture (et on introduit les read aloud)

Chez nous, lire c’est quelque chose de drôlement important dans notre quotidien.
On en parle tout le temps, pour vous démontrer à quel point, voici une
anecdote de cette semaine. Au souper, un de mes enfants me parle d’examens du
ministère et se questionne sur l’objectif. À force de discuter, on en vient aux
anciens inspecteurs des écoles de rang, et mon ado enthousiaste me dit alors : »
oh, c’est comme dans les filles de Caleb! » « Oui, c’était Henry, je pense son nom
hein ? » « Oui puis là…  » les livres sont omniprésents. Les réservations de
livres à la bibliothèque n’en finissent pas. Je dois avertir les enfants de ne
pas lire dans les escaliers.

Et la lecture est vue comme un privilège,
un objectif. Ceux qui savent lire peuvent participer aux « nuits blanches de la
lecture », une soirée/nuit annuelle de notre famille, consacrée à se bâtir une
grosse pile de livres et lire le plus tard possible. ;)

De plus, avec les read-aloud, tous nos enfants ont 30-50 livres en références
qu’ils ont tous lus ou entendus. Donc on en parle beaucoup, souvent.
Je ne
prétends pas avoir trouvé la recette secrète de l’amour de la lecture, je sais
que dans certaines familles, ça vient moins facilement. Mais je pense qu’y
mettre de l’énergie vaut la peine.

On se montre curieux face aux mots, aux livres, on analyse, on utilise un vocabulaire précis.
« Ok ici er fait é, c’est souvent comme ca à la fin des verbes » (et la fois d’après, on précise, à l’infinitif/en pyjama selon l’approche.)
« Connaissez-vous d’autres mots qui commencent par thermo ? Que pensez-vous que signifie le préfixe thermo? »
« Ils utilisent souvent le mot « barde » dans ce roman! Vous pensez que ca veut dire quoi ?  »

On introduit des livres pour premiers lecteurs variés (pour trouver ce qu’ils aiment), et on n’exige pas qu’ils les lisent comme si c’était un examen.
Mon approche avec les livres (et même les textes écrits, parfois): M’approcher du 1-1. Au début, je peux lire et l’enfant ne lit que les petits mots qu’il connaît. Mais éventuellement, j’essaie d’arriver vers le 1-1. 1 mot, 1 phrase ou 1 page chacun son tour, peu importe. On introduit plus tard des jeux de lecture ( voir ici). Je pense qu’il ne pas faut s’attendre a ce que nécessaire, on lui donne le livre et voilà, il lit ! Parfois, l’accompagnement est nécessaire au début (puis se transforme en plaisir partagé, idéalement). Je continue de lire à deux voix avec mes enfants le plus longtemps possible, parce que c’est une fenêtre parfaite sur leur compréhension, leurs hésitations, les difficultés qu’il faudrait tenter d’adresser. Et puis, c’est vraiment le fun.


On inonde notre quotidien de mots, on les rends utiles, nécessaires, sources de plaisir.
5 idées pour écrire plus souvent devant nos enfants
On part au parc? Il faut laisser un mot pour prévenir papa, qui veut le faire?
Peux-tu me lire ceci sur la liste d’épicerie stp ? (Et on s’assure de prendre notre belle écriture pour des mots simples comme tomate.)
On veut demander une permission spéciale? Un mot.
On identifie les crochets du vestiaire avec nos noms, ceux de nos amis qui viennent souvent. Les gourdes aussi. Les souliers. La brosse à dents. TOUT. Reconnaître son propre nom ou celui d’un membre de la famille, c’est souvent la première étape.

Parce que vous savez, le chemin conçu par les profs, j’ai l’impression qu’il est
fait pour ratisser large : toucher un peu rapidement a toutes les difficultés
possibles pour que tous les enfants de leur groupe reçoivent ce qu’ils ont
besoin. Ce serait logique. Sauf que nous, nous on a la chance d’avoir 1-2-3
enfants apprentis lecteurs en même temps. Pas 18 ou 20.

Alors nous pouvons nous donner le luxe d’y aller de façon peut-être moins
structurée et il faut se rappeler que non, notre enfant n’aura pas la même
expérience qu’a l’école, parce que c’est le but.

Parce que, comme parent, vous pouvez probablement apprendre à lire à votre enfant vous-mêmes, si c’est ce que vous désirez. 

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