Cinq minutes pour jouer - Zoé L-Sirois

Être parent et éducatrice différemment. Bienveillance, école-maison, éducation alternative au quotidien.

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Notre panier du matin (septembre)

Je reçoit beaucoup de questions sur cette partie de notre routine d’apprentissages en famille: soit le panier du matin et j’ai eu le gout de prendre le temps de vous présenter notre fonctionnement. Je n’ai pas inventé le panier du matin, c’est hyper populaire dans les groupes, pédagogies et livres sur l’école-maison anglophones (morning basket, morning time etc.) Ce que je vous présente c’est une interprétation libre, adapté pour notre famille, de cette idée. J’ai précisé septembre dans le titre de cet article parce que le déroulé exacte de cette routine se modifiera alors que nos objectifs changeront au fil de l’année. Je vous invite donc à me suivre, lors d’un matin ordinaire de septembre… Évidemment, vous comprendrez que tous les matins sont différents, mais voici le déroulé de ce matin.

C’est le matin, les enfants se réveillent tranquillement et vont jouer ou lisent tranquillement dans leur lit (soyons précis, Charlotte, 8 ans, lit La guerre des clans depuis le petit matin alors qu’Alice 6 ans et Laurent 4 ans jouent.) J’assemble le déjeuner en rappelant aux enfants qui ont besoin d’un rappel qu’ils doivent s’habiller ou se peigner avant le déjeuner. Tous les matins, ils mangent dans une assiette compartimentée qui permets de facilement intégrer des aliments de toutes les catégories d’un coup d’œil. Je prépare aussi mon déjeuner, et mon café.

Nous nous installons confortablement sur une grande couverture avec leurs déjeuners, mon café, et notre panier. Je demande la date du jour à un enfant ( celui en premier cycle actuellement ;) ) qui va voir sur le calendrier et nous indique le mois et le jour afin que nous puissions trouver le poème du jour dans notre livre de poésie. Dans ce livre, chaque jour de l’année est lié à un poème. Je vérifie dans l’index en lisant les noms de tous les mois ( chantonnant les mois de l’année, sont (….) ) et l’enfant responsable de la date me dis stop quand je suis au bon mois. Je lis le nombre indiqué dans l’index pour ce dernier et m’y rends.

Je demande à Alice,6 ans, : Si nous sommes le 30 et qu’il y a 31 jours dans le mois d’aout, est-ce que le nombre que nous cherchons est plus au début ou à la fin du mois selon toi ?
Elle réponds vers la fin, et j’en profite pour montrer à Charlotte, 8 ans, le truc des jointures pour connaitre le nombre de jours dans un mois.

Nous trouvons le poème du jour et j’attire l’attention des enfants sur l’illustration thématique, aujourd’hui c’est une plage, comme ce l’était également hier. Nous nous imaginons sur la plage, ils ferment les yeux et nous discutons de ce qu’être à la plage, sent, goute, ce qu’on entends… (parfois je demande de trouver des mots du champ lexical du thème.. etc)

Ensuite, je lis le poème du jour.
Après le poème, nous lisons quelques pages de Nutshimit puis un ou deux chapitres du roman Robot sauvage.

Nutshimit sera lu sur plusieurs semaines ou mois, afin de doucement intégrer l’informations, en discuter… Nous tenterons de faire des liens (par exemple, ce matin, nous avons lut sur le bouleau et nous nous sommes dits que nous tenterons d’en repérer pour l’inscrire dans notre journal de la nature éventuellement). Lorsque nous aurons terminés, nous changerons pour un autre livre qui sera dans la gamme histoire ou univers social.

Robot sauvage, je le lis pour la deuxième fois parce qu’Alice et Laurent ne l’ont pas encore écouté. Nous le lisons afin de permettre aux enfants de profiter du bonheur d’entendre des livres plus longs que des albums, et pour pleins d’autres raisons donc j’ai déjà parlé dans un précédent article. Mon mari lis aussi un roman partagé, lors d’un autre moment, qui est nouveau pour les trois enfants.

Les trois livres précédents seront lus tous les jours que nous ferons le panier du matin. Les cartons de couleurs correspondent aux défis de mémorisations que je propose présentement aux enfants, chaque matin, je les sort et soit ils répètent, soit lisent ou répondre sans indice visuel. Ils apprennent leur nom, leur adresse, éventuellement des poèmes selon l’âge. Je m’inspire de la liste fournis dans Jot It Down, un produit de Brave Writer.

Ensuite, nous entrons dans une spirale: chaque jour de la semaine, ce que je lirai sera différent. Dans la photo ci-dessus, ca corresponds à ce qui est dans la rangée du dessous. Ce matin, c’était une journée anglais alors j’ai lut de courtes histoires et poèmes d’un magasine anglais + un album en anglais. J’ai prévu lire le magasine environ 4x au cours d’un mois afin d’offrir plus d’expositions au vocabulaire et de traduire de moins en moins. J’adore ces magasines, d’ailleurs présentement nous lisons un sample gratuit. J’ai regardé plusieurs niveaux et ils sont super cools et beaux ! Pour l’instant, j’ai pris le niveau bébé parce que les histoires sont courtes, liés aux images et les poèmes simples.

Un autre jour, je lirai quelques passages sélectionnés d’un livre sur les animaux qui portent sur un thème que nous explorerons en sciences.

Mon plan pour la spirale est de varier entre: Albums biographiques ou inspirants, anglais, sciences et une journée pour mettre des coups de cœurs. Ceci pourrait changer au cour de l’année.

Voici donc notre première routine de la journée, qui nous permets de commencer avec un grand plaisir: les livres. Le fait de le jumeler aux aliments est vraiment aidant avec les plus jeunes, je l’ai fait dans le passé avec la collation ou le diner aussi. Ils sont occupés et attentifs et nous nourrissons notre cœur et notre corps en même temps.

Zoé


Bercer est un acte éducatif et logique en service de garde (et le portage aussi).

Certaines personnes ont parfois l’impression qu’il n’est pas professionnel d’avoir une telle proximité avec le bébé.

Bercer, c’est le travail des parents, pas de l’éducatrice diront-ils.

Et le portage?

« Il doit apprendre à être hors des bras! »

L’affaire c’est que le petit bébé en garderie, ses besoins ne changent pas parce qu’il est en garderie.

Pour soutenir son développement à son plein potentiel, il a d’abord besoin d’un milieu avec un adulte prêt à lui offrir un lien d’attachement sécurisant. (Et ça, ça n’enlève rien à l’importance du parent hein 😉.)

(…)

Ce que certains ne voient pas, c’est que l’éducatrice ne berce pas dans le but de « se faire plaisir », mais dans le but de commencer à tisser une toile invisible entre le bébé et elle.

La proximité c’est je te garde près de moi jusqu’à ce que la toile de la confiance tapisse suffisamment notre relation pour que tu saches, même sans me voir, que tu es entièrement en sécurité.

Le nom de cette toile: le lien d’attachement.

(…)

C’est ainsi que la proximité offerte par le fait de bercer ou porter fait du sens.

Cette proximité c’est une réponse claire à

« Suis-je en sécurité ? Mes besoins seront-ils entendus? »

C’est aussi, particulièrement pour le portage, un point de base d’où observer tout ce qui se passe autour en étant légèrement en retrait.

Et surtout.

C’est un oui je suis là ferme et stable.

Et, avec la sécurité de cette base, le bébé prends confiance, ose prendre des risques (par exemple: se sentir assez en confiance pour s’éloigner suffisament de l’éducatrice pour suivre ses intérêts même si c’est à l’autre bout de la pièce.)

(…)

La différence selon moi entre bercer avec une intention éducative professionnelle et bercer comme le ferait un parent par exemple, c’est le regard sur l’évolution qui sera teinté de son rôle professionnelle.

Mon rôle d’éducatrice reste d’accompagner ce bébé vers un sommeil plus autonome, parce que c’est ce dont il a besoin en tant que « petit en milieu de garde ». C’est sain, d’avoir ce but-là, quand on accepte par contre de partir d’où est actuellement le bébé comme point de départ.

Alors je le berce et je chante, et un jour je le dépose et je chante seulement et ainsi va l’évolution.

Ou je le flatte en racontant une histoire, et un jour ma main s’immobilise et doucement je suis un peu plus loin et ainsi va l’évolution.

Ou je le mets dans mon dos pendant des semaines, parce qu’il est plus logique pour nous deux de l’installer de façon sécuritaire dans un porte-bébé et me libérer les mains que de me fatiguer les bras. Et un jour, il court partout en confiance.

Je vais vous dire un autre secret d’éducatrices.

Vous savez, les petits bébés que j’ai portés, bercés, dont j’ai laissé les besoins être des priorités de 8h à 4h pendant quelques semaines ou mois?

La base d’attachement, de confiance, qu’ils ont en moi c’est un « investissement » pour plus tard.

Dans le livre joyful toddler, ils appellent ça être « mutually responsive ». Ils sont habitués à ce que la norme dans notre relation soit que les besoins de chacun soient répondus (répondus n’égale pas être d’accord), que ça facilite beaucoup l’encadrement rendu à 2 ou 3 ans.

Mais ce n’est même pas pour ça que je le fais.

Je le fais parce que si mon rôle d’éducatrice c’est de soutenir le développement de l’enfant, ça inclus assurément lui permettre de se sentir sécurisé. Et pour faire cela, des solutions existent.

Acceptons comme éducatrices de les utiliser. Normalisons ces solutions dans notre société comme alliés du bien-être des poupons.

Zoé

*(Je parle beaucoup de pleurs ici. Ce n’est pas le cas de tous les bébés, bien sûr. Agir avec intention éducative c’est s’adapter. Le lien d’attachement sera priorisé, mais ça se traduira autrement.

Aussi, éviter les pleurs complètement n’est pas une meilleure stratégie que d’ignorer les pleurs complètement. Parce que les pleurs sont normaux, et sains. Des pleurs de protestations peuvent avoir lieu dans un contexte sécurisant mais c’est un tout autre sujet. Je pourrais en parler pendant des heures.)

Le conseil de famille

Depuis plusieurs années, nous utilisons le conseil de famille comme espace de réflexion et de résolutions de problèmes. C’est Jane Nelsen et son livre la discipline positive qui m’a fait découvrir cette idée. Avec le temps, je l’ai adapté à ma famille.

Je l’utilise aussi avec des groupes d’enfants parfois, c’est un procédé tellement bénéfique dans beaucoup de situations !

Par exemple :

Un problème à l’école

– Un conflit persistant dans la fratrie

– Un moment qui ne se passe pas bien / Une petite frustration

– Une demande

(Et ici, les situations peuvent être apportées autant par les enfants que par les adultes.)

J’ai eu envie de vous partager comment ça se passe pour vous donner le goût d’essayer.

Trouvaille: Un livre à colorier avec des messages positifs à partager

J’ai découvert récemment cette tablette de dessins à colorier avec une intention unique : chaque coloriage est associé à un message positif dans le but d’être ensuite donné à un ami. J’ai trouvé que c’était une belle façon de soutenir le développement d’habiletés sociales positives pour des enfants pour qui l’art est leur moyen d’expression préféré. Vu la variété de messages disponibles, ils peuvent sélectionner celui qui convient, le personnaliser en coloriant pour ensuite l’envoyer.

Les dessins sont drôles et mignons et les messages sont très diversifiés. Bien que l’idée première soit de les envoyer à un autre enfant, je me suis dit qu’ils conviendrait bien aussi comme petit message d’amour surprise pour notre enfant dans sa boîte à lunch au dîner.


Transparence: J’ai reçu gratuitement cette tablette en échange de mon opinion honnête.

L’importance du roi de la montagne / Le jeu physique

La neige est tombée dans la plupart des régions du Québec dernièrement, et pour notre famille c’était l’occasion de renouer avec un de nos jeux favoris : le roi de la montagne. Vous connaissez probablement ce classique : quelqu’un grimpe au sommet et les autres le poussent pour prendre sa place.

C’est en lisant l’excellent livre « Qui veux jouer avec moi? » de lawrence cohen, un psychologue par le jeu, il y a plusieurs années que j’ai découvert sous un nouvel angle, puis intégré à notre famille les jeux physiques et de poursuite.

L’essence de ces jeux peut sembler « violent » au premier abord, mais ces jeux sont une chance inouïe de, premièrement, être près physiquement de nos enfants plus vieux qui sont peut-être moins portés vers les câlins.

Deuxièmement, avoir la chance de se mesurer à son parent, le défier, c’est en apprendre sur soi. L’enfant se découvre fort, rusé, et nourrit son estime de soi. C’est un cadre idéal pour jouer à expérimenter avec le pouvoir, la force..

Ensuite, ce type de jeux exécuté dans un cadre sécuritaire permets d’apprendre à maîtriser ses impulsions et se pratiquer à être attentif à l’autre. Parce que, évidemment, bien que ce soit un brûleur d’énergie (et permette de mobiliser l’énergie de notre stress), ça ne doit jamais être un défouloir.

C’est la clé : s’assurer que tous les enfants sont disponibles à respecter l’autre (et l’adulte aussi qui ici agit comme modèle.)

Finalement, jouer c’est cultiver le plaisir… rouler au sol, voir son parent dans des postures inhabituelles, c’est simplement amusant et ça aussi c’est important.

Zoé

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