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“La solution est-elle de le punir suffisamment pour qu’il comprenne que c’est inacceptable???” J’ai souvent entendu ce genre de réflexion: Si un enfant n’écoute pas, c’est que la punition ne fait pas assez “mal” ! J’avais envie de vous partager un cas précis, et de vous proposer une autre perspective, une autre façon de résoudre ce comportement..

(….)
J’ai été témoin aujourd’hui d’une scène et je voulais (avec la permission du parent) vous la partager. Je pense qu’avoir une observation neutre de la situation permet souvent de comprendre davantage.

De un, parce que l’observateur neutre n’a pas l’attachement émotionnel et surtout qu’il n’as pas cette pression interne “d’être en train de rater son enfant!”. Parce que oui, cette petite voix paniquée dans notre tête devant chaque mauvais comportement (qui se projette déjà dans le futur et voit chaque comportement problématique comme une preuve d’échec comme parent) est souvent notre pire ennemie pour une intervention efficace.

Donc. Voilà la scène. Les mamans sont assises et discutent. Les enfants se promènent et jouent. Le petit garçon suit les grands, joue assez bien seul. La maman évidemment profite avec plaisir de ce moment de calme où elle n’a pas à être en intervention avec son enfant, il joue si bien aujourd’hui!

Soudainement. Bang. L’enfant vient frapper un autre enfant à côté de sa mère. Celle-ci le prend dans ses bras, et lui explique qu’il ne faut pas frapper en le regardant dans les yeux.

(…)

L’enfant vient d’être “récompensé” pour avoir frappé. Dans ce cas-ci, l’enfant n’était pas fâché, pas en chicane pour un jouet alors qu’est-ce qu’il a obtenu? De l’attention consacrée à lui et à lui seul. L’enfant de cet âge pense en action = réaction. Si je frappe, maman se consacre à moi. Si je ne frappe pas, maman est occupée et je ne reçois pas d’attention. Ce n’est pas de la manipulation, ce n’est qu’une technique simple qui fonctionne que l’enfant à probablement découverte par “hasard” en frappant la première fois.

Est-ce que parler plus fort? Être plus “ferme” marcherait?? On entend souvent ça “faut vraiment qu’il comprenne que ça ne passe pas!!”

Non. Au contraire. Parce qu’en étant “super fâché”, tu donnes à ton enfant l’impression qu’en frappant, il peut influencer comment tu es, et il va devoir explorer ça, tester, parce qu’il va probablement essayer de comprendre ce “pouvoir” (parfois insécurisant pour lui) qu’il a sur toi.

Essayons un deuxième scénario.

La mère discute avec ses amies. C’est agréable, car son fils joue bien aujourd’hui! Lorsqu’elle s’en rend, compte, elle se lève, va lui chuchoter à l’oreille un petit mot doux d’encouragement. De temps en temps, elle croise son regard et lève le pouce en l’air pour lui confirmer qu’il fait bien ça.

L’enfant arrive soudainement et frappe. La mère utilise une voix neutre (le vocabulaire exacte variera selon la technique qu’elle utilise habituellement), qui signifie à l’enfant que c’est un comportement inacceptable. Elle prend l’enfant et le déplace dans un coin jeu juste un peu plus loin, sans imposer de temps ou rien, juste le sortir de la situation. Elle revient ensuite rapidement vers l’enfant blessé et s’excuse de la part de son fils, propose de lui apporter une débarbouillette froide.

L’enfant, habitué au scénario 1, essayera peut-être plusieurs fois avant d’en déduire que oups, frapper ne m’apporte pas l’attention attendu. La troisième fois, peut-être qu’il va même avoir envie de participer au rituel d’excuse et débarbouillette, faisant le lien que c’est la façon de faire quand on blesse quelqu’un, ayant vu sa mère le modeler. Peut-être qu’après avoir été retiré, il jouera simplement ailleurs. C’est okay aussi, la conséquence n’a pas pour but de confirmer au parent qu’il a le pouvoir de faire se sentir mal l’enfant qui se comporte mal (comme si, c’était la clé de l’obéissance!).

D’ailleurs, s’il recommence plusieurs fois, la mère choisira probablement de partir, de se retirer avec lui quelques minutes, ou d’utiliser également la technique velcro. On peut pratiquer en premier avec des amies qui nous connaissent bien, plutôt que dans un endroit bondé de mamans inconnues, c’est moins intimidant 😉

On ne force pas l’enfant à réparer, parce qu’il a 20 mois, ça finirait en guerre de pouvoir et ça deviendrait un Sunday d’attention. On modèle par contre, pour qu’il commence à intégrer la façon d’agir pis que de la même façon qu’il a appris à imiter maman dans pleins de gestes du quotidien, il apprenne la bonne façon de faire dans ce contexte-là aussi.

On explique oui, mais plus tard, et surtout plus tôt, quand on arrive a un nouvel endroit on explique le comportement attendu. Ou quand l’enfant revient vers nous. Avec des mots simples. On peut lui montrer aussi, comment avoir notre attention. Si on voit qu’il montre des signes de changement d’attitude ou d’humeur, on peut lui proposer : “A-tu besoin d’un câlin ? ”  C’est en observant et en accompagnant, qu’on l’aidera davantage.

La clé ici, chez un tout petit très petit encore, c’est l’association d’actions – réactions.

Je joue – j’ai régulièrement des doses d’attention. C’est agréable!

Je frappe – je n’ai pas d’attention, je suis plutôt retiré de la situation temporairement et l’attention va plutôt à la personne blessée. J’apprends aussi inconsciemment comment réparer mon geste en voyant maman faire.

Éventuellement, on peut apprendre à l’enfant différentes façons acceptables de demander de l’attention. Il faut garder conscience qu’il risque de frapper encore dans toutes sortes de situations et chacune demandera une façon différente d’agir.

Parce que tous les coups ne veulent pas dire la même chose, il faut prendre le temps de décortiquer pour pouvoir identifier chaque besoin et créer une façon pour l’enfant de répondre à ces besoins autrement.

Un petit qui frappe exprime quelque chose.

Un bébé qui pleure peut avoir faim, chaud, froid, vouloir être changé de couches.

Un petit qui tape peut vouloir de l’attention, avoir besoin d’aide pour régler un “conflit de partage”, être fatigué, se sentir incompris…

On doit accepter finalement que frapper à 20 mois, ce soit “normal”.
Ce n’est pas un comportement définitif, ce n’est qu’une étape dans un apprentissage qui n’en est qu’à son commencement.

Bien sûr, quand je dis accepter, je ne dis pas d’encourager ce comportement. Je dis juste, de prendre le temps de remettre en perspective avant d’intervenir que oui, il frappe, mais ce n’est pas un signe d’un “mauvais” enfant.

Changer notre vision, le voir comme un apprentissage plutôt que comme violences, ça aide à avoir une approche plus “aidante” que “punitive”.