Il y a une semaine, j’ai imprimé environ 50 feuilles de personnages à fabriquer en papier. En moins de 24h. Mes enfants en demandaient encore et encore. Ils étaient dans le pic de l’intérêt.

Pendant une fraction de secondes, j’ai eu une pensée pour la notion de gaspillage. Est-ce vraiment acceptable d’imprimer autant de feuilles en quelques heures pour une activité éphémère ? Devrais-je mettre un frein, une limite?

Remettons-le en perspective.

Gaspiller c’est un concept très très relatif qui est souvent dans l’oeil de celui qui émets le jugement. C’est un jugement de valeur, est-ce que ce que tu fais de ce matériel est suffisamment valable de mon point de vue?

Pour moi, emballer des cadeaux de Noël avec 10000 rubans et même des emballages papiers tout court, c’est possiblement du gaspillage. Pour une personne donc c’est le langage pour exprimer son amour, au contraire, c’est logique de le faire.

Pour moi, imprimer des activités menés par l’adulte selon un thème pré-établis sur lesquels les enfants passeront moins de 5 minutes d’intérêt, c’est gaspiller. Je sais que pour d’autres, c’est l’essence de leur pédagogie. Parfois moi aussi je le fais d’ailleurs.

Donc revenons à mes enfants.

Quand ils font 50 bricolages d’affilés, déchirent du papier en tentant de découper sans interuptions pendant 1 semaines, collent en 10 minutes tous les collants du cahier ou même utilisent des jouets dispendieux de façon “risqué”.

Pour moi, ça fait du sens de consacrer ce matériel-là pour apprendre.

Lorsqu’on se trouve face à un intérêt qui vient d’eux donc, une curiosité d’explorer, manipuler et d’apprendre qui est presque impossible à susciter sur commande.

C’est une occasion à ne pas rater et que j’évite lorsque possible de freiner par ma perception du gaspillage.

L’enfant qui colle tous les collants en 10 minutes, si on n’intervient pas, vivra que si on colle sans interruptions, on arrive vite à la fin du cahier. Il se peut qu’à un niveau auquel nous n’avons pas accès, ce soit encore plus logique. Peut-être qu’il explore le concept de remplir un espace. Peut-être qu’il as inventé une histoire et des pirates prennent d’assaut la page et ça va vite dans sa tête, au rythme des péripéties.

Laisser aller l’enfant c’est lui permettre d’aller au bout de ce qu’il est en train d’apprendre.

Parfois, je crois que comme l’enfant n’est pas en mesure d’expliquer la complexité de ce qu’il fait, on y accorde moins de valeurs. L’adulte qui imprime 50 feuilles d’activités dirigés le fait pour une bonne raison et nous y accordons confiance, venant de l’enfant, c’est parfois moins naturel.

J’ai remarqué aussi que mes enfants sont très fort sur les phases. Ils ne vont pas disons découper 20 minutes chaque jour et puis coller 5 minutes et puis… ils vont découvrir quelque chose et en explorer tout les angles sans arrêts.

Si je les freines, pour tenter de moduler ces séquences, je risque de complètement transformer ce qui étais une impulsion créative en activité menée par l’adulte.

(….)

Je vous disait 50 feuilles en 24 heures mais c’est aussi 50 feuilles en 1 mois. Il faut savoir le remettre en perspective.

Pour ce qui est de l’empreinte écologique de mes enfants, je crois qu’il y a d’autres solutions que les freiner dans leurs inspirations, la plupart du temps.

Je peux vous donner un exemple: mes enfants aiment beaucoup beaucoup jouer avec de l’eau dehors l’été. Eh bien, ils peuvent y jouer de façon illimité…. avec l’eau de pluie. Ils ont inventées tellement de techniques pour en recueillir.

Aussi, en simplifiant l’environnement et d’autres gestes du genre, on contribue à ce niveau. Il y a tellement d’alternatives autres.

Bref, et si on le voyait comme un investissement plutôt que du gaspillage ?