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L’histoire d’attrape-moi si tu peux

Les enfants ont toute sortes de stratégies pour communiquer, faire savoir leur besoin et y obtenir réponse. Surtout chez les plus jeunes, on pourrait facilement mal percevoir leurs actions..

Cette anecdote se déroule à la toute fin de la collation. L’enfant de 2 ans concerné vient de finir de manger une orange et l’étape suivante souhaité par l’adulte consiste à suivre la fameuse suite collation laver les mains laver la bouche et on joue.

Au moment de sortir de table, il court prendre une autre orange en me fixant du regard. Je lui demande de la déposer dans le panier à fruit et c’est à ce moment qu’il se place en position « nananinanère » (chez nous ça sonne plus lalalala), avec une main qui tiens l’orange, le corps qui se balance.

Sa demande silencieuse c’est : attrape-moi si tu peux.

Ma première pensée c’est : oh, il est reparti, il se moque de moi?!?

Et puis, arrive 2 secondes après la deuxième pensée. Mon cerveau me souffle regarde davantage. Qu’est-ce qu’il fait? Qu’est-ce qu’il veut?

Il veut que je le poursuive.
Ce n’est pas à propos de l’orange numéro je ne sais plus quoi.

Il veut jouer. Il sait comment provoquer le jeu, il connaît la suite logique.

Alors, je m’exclame sur un ton joueur: »Tu veux que je t’attrape ? ;) »

Il dit : »oui! »

« Dépose l’orange dans le panier pour que je puisse courrir t’attraper! »

Il la dépose rapidement, l’orange devient un obstacle évident au jeu qu’il souhaite vivre. Il s’élance. Je l’attrape. On recommence quelques fois.

Le besoin est comblé et plus tard dans le jeu, je lui dirai: « Tu peux me demander attrape-moi ! si tu veux jouer à te faire attraper. »

Je garde en vue une meilleure stratégie, une demande plus efficace pour lui, pour l’aider à avoir ce qu’il veut.

Ce qui ressemble à « défier » est un comportement acceptable dans la circonstance du jeu, il a appris à remuer les fesses en faisant lalala en jouant à se poursuivre et à l’ogre avec ses soeurs. Il est important de percevoir le jeu pour ce qu’il est: un jeu hors contexte. Son corps a envie de cette poussée d’adrénaline du jeu de poursuite, il trouve une façon de le provoquer.

Par contre, je ne l’aurais pas attraper avec l’orange dans les mains parce que je voulais vraiment séparer les deux. Range le fruit et ensuite on joue, c’était important pour moi.

D’autres histoires de discipline:

Sortir de la dynamique du faire faire / La poussette parapluie

L’histoire du verre de lait (et de la crème glacée pour déjeuner)

L’histoire d’un verre d’eau 

Zoé

Le jour où Charlotte a décidé de ne plus laver la table

C’était un jour de février, la veille même de la fête de l’amour et personne ne s’en doutait encore mais notre vie allait changer. Le dîner tirait à sa fin quand une déclaration fusa: »Je suis tannée que la table soit sale. Je ne la laverai point. »

-oh, dis maman.

– oh, dis papa.

– Ce sera fort peu pratique pour préparer mes beignes de st-valentin mais, j’en conviens, je suis aussi tannée du nettoyage ajouta maman.

– Moi aussi dirent Papa, Alice, Mia, Léa…

– ssi! Dit Laurent

« De toute façon, ajouta Charlotte avec raison, la poubelle est pleine. »

Papa confirma qu’il avais prévu le faire mais il pouvait aussi ne pas le faire…

Alors la décision fut prise et ensemble nous imaginâmes.

La poubelle débordante qui n’était plus vidée.

Il serait plus simple de laisser ce qu’on ne mange pas sur la table. Ainsi, au repas suivant, si ce que vous mangez ne vous plaît pas, fouillez sur la table. »

« Mais évitez ce qui bouge! Si ça a des pattes c’est non! »

À moins qu’on achète une table différente à chaque repas et ensuite on la jette? C’est vrai que ce serait fort dispendieux.

Dont il fut décidé que je ferais des beignes pour la dernière fois, n’ayant envie de laver le moule. Alice toujours prête à aider me proposa alors le lave-vaisselle 😉😉.

Le même sort fut prévu pour les vêtements et les jouets. Ce jeu verbal dura plusieurs minutes, et Mia qui était justement ces jours-ci dans l’écriture d’un roman scanda: » J’ai trouvé !!! Voici le sujet de mon histoire! »

Puis Charlotte changea d’avis. Elle courut attraper le push push. Je tentai de la dissuader et de l’attraper mais hélas, elle me fit des mouvements de ninja.

Alors la table fut lavée et la vie retrouva son cours normal… 🙂 Zoé

L’histoire du verre de lait (et de la crème glacée pour déjeuner)

C’était le soir et un enfant, couché au sol, pleurait. Elle arguait que le verre de sa sœur contenait plus de lait que le sien. De son point de vue, c’était une profonde injustice qui prenait lieu dans ma cuisine.

Il est 19h, elle est fatiguée probablement. Je m’assoit d’abord au sol près d’elle pour offrir un support physique mais elle n’est pas prête à recevoir un toucher. Donc j’y vais doucement. Et j’utilise mes mots.

– Tu voudrais plus de lait c’est ça ?

– oui! (Émotif)

– un grand verre de lait, beaucoup beaucoup de lait !

– oui!

– Est-ce que tu aurais assez soif pour hmm disons, un carton de lait complet?

– oui!

– ou pour 3 cartons de lait?!?

– oui!

(Escalade d’exagération)

– Attends!!! J’ai une idée. Et si on disais que tu voudrais avoir le traîneau du père noël remplis de lait?

– Oui ! (En riant)

Et à ce moment, elle est dans mes bras et apaisée. Je lui propose de lire une histoire de noël incluant un traîneau et remplacer « cadeaux » par « lait ». Elle dis oui. Je lis l’histoire puis elle demande son verre de lait.

Ce que je peux vous dire c’est qu’elle n’avais pas besoin que je lui dise de façon cartésienne que c’était égal mais que plutôt que j’accepte d’entrer avec elle dans son vécu.

Connecter en utilisant l’exagération est utilisé même entre adultes d’ailleurs.

Donc, cette fois-là tout as fonctionné mais il n’est arrivé des fails avec cette façon de faire. Une fois donc, j’ai promis par accident de la crème glacée au déjeuner à mes enfants. Ce n’était apparemment pas suffisamment clair pour eux (qui n’ont pas la norme de référence aussi importante que l’adulte) que c’était de l’exagération. Le matin arrive et mes enfants attendaient la chose promise. 😛

Je m’en suis sortie avec de la crème glacée de bananes, parce que je ne me voyais pas ne pas leur donner ce que j’avais dit, même si ça venait d’un malentendu.

La fabuleuse histoire de la patinoire

D’abord, c’est un rêve qui se promenait de tête en tête depuis quelques mois. Plusieurs y avaient brièvement songé l’année d’avant mais la réalisation n’avait pas été mené à terme. Cependant, au fil du temps, les inspirations deviennent plus fortes jusqu’à se matérialiser. C’était le cas de ce rêve d’avoir une patinoire dans la cour pour enrichir les activités hivernales.

Ça semblait plutôt simple, non? De l’eau et du froid et voilà ! C’est une expérience que les enfants ont souvent réalisé à petite échelle. Nous pourrons sortir les patins entreposés au sous-sol! De temps à autres, les enfants esquissaient des figures acrobatiques dans le salon en scandant : »je sais patiner! »

Le premier essai a eu lieu un peu avant la nuit de Noël. Cette année-là, il y avait eu peu de neige et quand la blancheur a finalement recouvert la cour, nous avons pensé que c’était le moment où jamais. Une bande de neige a été créée, juste à côté du fort que les enfants ont construit alors que je travaillais sur la patinoire.

Je précise : cette idée était d’abord portée principalement par moi, la maman, mais bientôt tout allait changer.

Plus tard en soirée, illuminés par les lumières de guirlandes lumineuses de Noël, un décompte a été fait pour que tous versent simultanément leur sceau d’eau. Excités, les enfants ont ensuite couru dans la cour, chaussés de bottes mais sans habits de neige. Une petite excursion rapide dans la nuit et le froid. Et beaucoup de rire quand Laurent, 23 mois, ravie de la flaque géante, tenta de sauter dedans.Parce que voyez-vous, les gens normaux auraient prévu le coup et trouver une façon de patenter un boyau d’arrosage. Ce n’était pas notre cas. Nous étions dans la naïveté de la magie du froid, de l’eau et du travail des gens motivés.

Donc, nous avons transporté des sceaux d’eau.Notre petit rectangle glissant a complètement fondu avec ses bordures le jour de Noël alors que la température avoisinait celle du sud.Cependant, une graine avait germé dans l’esprit de tous et la patinoire vivais dans leur esprit déjà. Lorsque la neige tomba de nouveau, les enfants passèrent la journée dehors.

En rentrant, ils déclarent : » Maman! Va voir dehors! Ta patinoire est revenue ! »Ils avaient refait la bordure exactement là où elle était avant la fonte et d’une façon encore plus solide. En collaborant ensemble, sans mon intervention, sans demande de ma part.Alors le premier jour de l’année 2021, au matin, un chemin semblable à un parcours moteur s’est créé.

Les enfants en habit de neige ont transporté de l’eau, jusqu’au plus petit auquel on avait donné un sceau pour le sable dans lequel on avait mis un peu d’eau. Un enfant remplissait. Les autres et maman charriait. Ils développaient une technique pour transporter, répartir le poids tout en marchant. Verser. Recommencer.

Sceau après sceau, la plus petite patinoire imparfaite se créait.Toute la journée, ils allèrent voir régulièrement si l’eau gelait.

Et donc, le jour 2 de l’an 2021, nous nous sommes réveillés, accueillis par une tempête de neige. Nous avons déjeuner devant la fenêtre pour mieux la voir. C’est lorsqu’ils partirent pelleter qu’ils eurent une surprise. Enfouis sous la neige, elle était là. Glacée de nouveau. Pour la première fois de l’année, notre petite patinoire fut déneigée. Un enfant courut jusqu’à la maison pour avertir ceux qui étaient restés dans la maison : « ça glisse !!! »

Ps: La photo date de la version 1 qui n’étais pas vraiment glissante, la version 2 = technique améliorée déjà. Elle est minuscule, c’est exactement l’objectif 😉. Zoé

Ma famille est une courtepointe / Le moment où l’assiette pleine tomba au sol.

C’était un jour d’été bien ordinaire, si on peut qualifier ainsi une journée à l’ère covid. Ce qui suit s’est produit lors d’un début de soirée en juillet, alors que ma grande table était entouré d’enfants et que le soleil jaunissait le gazon dehors.

Rien de bien différent des jours précédents, un enfant distribuait les ustenciles, d’autres attendaient le signal pour manger. Une de mes filles, désignée comme serveuse ce soir-là, avait prit l’initiative de dépasser son mandat en proposant de couper la nourriture dans l’assiette d’un plus jeune.

Alors elle coupe avec attention quand dans un mouvement involontaire, l’assiette pleine échoue au sol. La nourriture à peine servie s’éparpille.

Un moment de flottement. Le poids de la honte, du moins de la déception.

Et alors, tout aussi naturellement que le reste, la courtepointe prends places.

-Hey, te rappelles-tu quand j’ai échappé….
– et la fois où….
– Attends ! Encore plus drôle !!!! La vinaigrette !!!

Un mélange d’histoires, certaines datant de bien avant leurs naissances, d’autres qu’elles ont vécus sont nommés une après l’autre : partage d’expérience, normalisation des accidents.

Supporté, porté par par les anecdotes, elle se mets en action : elle part chercher un linge, ramasse ce qui est tombé et ose même l’humour: « Eh ben! Il te reste au moins un morceau hahahahha »

L’enfant donc le repas est au sol est réconfortée de voir son assiette de nouveau pleine.

Tous s’asseoient. Le bonne appétit est lancé, on mange et on part sur de nouveaux sujets.

(….)
Ma famille est cent, milles courtepointes. Chaque jour, elle se tisse au fil des défis et des expériences. S’axer sur la relation c’est choisir le tissus de la courtepointe, pour qu’il soit (le plus souvent possible) supportant et réconfortant, plutôt que lourd et écrasant.

Ce n’est pas une question de perfection, c’est une question que l’ensemble soit suffisament fort et sécurisant pour pouvoir suffir même (malgré) les inévitables carrés plus négatifs.

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